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| Sujet: portrait de la brigitte bardot egyptienne Jeu 1 Jan - 18:35 | |
| Aujourd'hui est un jour symbolique pour les animaux : la Journée Internationale de leurs Droits. A travers cet événement, les associations de protection ne visent évidemment pas à ce qu'on accorde le droit de vote aux animaux, mais simplement qu'on leur reconnaisse un vrai statut et le droit de vivre et mourir sans souffrances.
A l'occasion de cette journée, qui verra s'organiser plusieurs actions dans les grandes villes de France notamment, nous vous proposons le portrait d'une femme qui a consacré sa vie aux animaux et à leur défense, la "première ambassadrice égyptienne des droits des animaux", Amina Abaza.
"On n'a pas un coeur pour les hommes et un coeur pour les animaux, on a un coeur ou on n'en a pas". Une phrase choc que Amina Abaza martèle sans cesse lorsqu'on lui demande de parler de son combat. En octobre dernier, lors de la Journée mondiale des Animaux, elle a été désignée "première ambassadrice égyptienne du droit des animaux" par la Société Internationale de protection des animaux, basée en Grande-Bretagne.
Née en 1955 au Caire, fille de l'écrivain contestataire Sarwat Abaza, Amina a reçu une éducation qui mettait en avant la modestie, l'honnêteté, l'intégrité. Son père dénonçait le régime dictatorial de Nasser, recevait des gens de toutes origines, de toutes religions. Amina a hérité de lui son esprit d'indépendance, de combattant et d'ouverture.
Amina a huit ans lorsque sa première histoire d'amour avec un animal commence. C'est une chienne errante, qui attend la petite fille tous les matins à son arrêt de bus, sur le chemin de l'école. Amina lui amène des sucreries. Cela fait partie de son rituel matinal. Un jour, la chienne ne vient pas...La police l'a tuée.
C'est ce genre d'événements qui fut probablement déterminant dans le combat d'Amina Abaza pour les animaux. Journaliste francophone et reconnue, Amina commence par recueillir des animaux dans la rue et les installe chez elle, pour les faire adopter.
Un jour, le destin frappe à la porte, en la personne d'un mystérieux "adoptant rêvé" avec "des yeux magnifiques". Il vient pour adopter un chien. Amina ne se doute pas encore qu'elle vient de rencontrer celui qui sera à la fois son mari et son meilleur allié dans son combat. Raouf Mechréqi, homme d'affaires égyptien, sera la clé de voûte pour la fondation de SPARE, la première association pour la protection des animaux en Egypte.
"Je me sentais mal en voyant un animal blessé, tué cruellement ou maltraité", expliquait Amina Abaza à Al-Ahram Hebdo. "Je déteste l'injustice. Mon mari m'a dit qu'au lieu de pleurer ces animaux, il fallait agir. Au début, j'avais honte qu'on se moque de moi ou que l'on critique cette banalité".
Première association pour les animaux en Egypte
C'est en 2001 qu'Amina Abaza franchit le Rubicon et s'engage définitivement dans la défense des sans-défense. Son association caritative, la plus ancienne du genre en Egypte, est reconnue par le ministère égyptien des Affaires sociales. Les locaux sont modestes, situés aux alentours du Caire. Aujourd'hui, SPARE garde près de 100 chiens errants, 50 chats et 19 ânes. Une équipe de vétérinaires et d'agents y travaillent. "Jusqu'à l'année dernière, tous étaient bénévoles. Cette année, ce n'est plus le cas. Car les cas d'animaux blessés ou torturés ont augmenté. C'est pourquoi j'ai dû augmenter le nombre de vétérinaires. Je ne fais pas payer les pauvres paysans, mais ce n'est pas le cas avec les gens aisés. Je n'hésiterai pas à vendre mes bijoux pour financer l'association. Car l'Etat n'accorde pas un sou à la protection des animaux."
Amina ne peut pas obliger les gens à aimer les animaux, mais elle leur demande de ne pas les maltraiter. Difficile, car l'un va souvent de paire avec l'autre : "C'est surprenant, mais ceux avec lesquels nous rencontrons le plus de problèmes, ce sont les étrangers des ambassades, qui ne veulent pas d'animaux errants autour de leur bâtiment. J'ai toujours cru que les Occidentaux étaient très concernés par le bien-être animal, pourtant ce sont les Européens et les Américains qui appellent la police pour qu'on les débarasse des chiens errants. Comme il n'y a pas beaucoup de refuges, on les tue."
Les ânes sont aussi un gros problème. Utilisés pour promener les touristes, ils sont souvent battus et martyrisés, dans l'indifférence générale, y compris des touristes précisément ! "Les battre est malheureusement très commun, personne ne s'en offusque. Pourquoi ? Je pense que c'est parce que l'on apprend pas aux enfants à aimer les animaux. C'est un manque d'éducation. Mais ce n'est pas une excuse, car cela reste inexcusable."
Des mentalités difficiles à changer
Heureusement, son combat a permis de remporter des victoires : la Journée Internationale de l'Animal est fêtée en Egypte. Le zoo du Caire a pu être restauré grâce à son aide, les chiens errants ne sont plus empoisonnés ou tués par balle par la police, et elle a pu également faire filmer et photographier les maltraitances des animaux dans les abattoirs égyptiens.
Amina Abaza, Brigitte Bardot égyptienne ? Une image qu'elle réfute, même si elle admire la célèbre star française : "Pourquoi cette mission noble doit-elle être considérée comme une simple imitation de l'étranger ? En dépit de mon admiration pour Brigitte Bardot, je ne l'imite pas. Je suis vexée que l'on pense que je veux attirer l'attention, rechercher une médiatisation ou la célébrité." Amina Abaza a fait beaucoup pour redorer l'image des animaux dans son pays, qui étaient pourtant déifiés sous les pharaons. Mais pour un peuple où le vétérinaire n'est que "le médecin des animaux", les mentalités seront longues à changer, et le combat rude. |
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